Espérant lever près de 7,4 milliards de dollars (6,6 milliards d’euros) sur la place de Hong Kong, Postal Savings Bank of China (PSBC) vient de réaliser la plus importante introduction en Bourse de l’année.
Autorisée fin août par la Bourse de Hong Kong, la Banque postale de Chine comptait initialement effectuer une levée de 8,1 milliards de dollars, selon l’agence Bloomberg. L’établissement a dû revoir sa valorisation considérée trop élevée par les investisseurs dans un contexte de rentabilité dégradée et de compétition accrue. Ce sont finalement 12,1 milliards d’actions à 0,61 dollars US qui ont émises ce 28 septembre.
En parallèle, l’établissement a envoyé un signal positif au marché en confirmant début septembre l’émission de 7,5 milliards de dollars d’obligations pour renforcer son capital.
Un réseau de distribution unique pour un nombre de clients record
Avec ses 505 millions de clients, PSBC est le plus grand établissement bancaire de Chine en nombre d’agences. Grâce à son implantation exceptionnelle de 40.000 succursales dans les petites villes et zones rurales, plus d’un chinois sur trois est aujourd’hui client de PSBC. Avec plus de 1.160 milliards de dollars d’actifs en mars 2016, PSBC est la sixième banque chinoise.
Banque de proximité, PSBC s’est spécialisée dans le dépôt, l’épargne et les prêts peu risqués aux agriculteurs et entrepreneurs. Gérant des créances plus saines que les grandes banques commerciales, PSBC reste tout de même exposé à un certain nombre de risques qui pourraient nuire à son développement et à sa compétitivité.
Une première levée en 2015, Tencent et Alibaba entrent au capital
Créé en 2007 au sein de de la Poste chinoise, PSBC est un puissant groupe étatique dont l’objectif est de rendre accessible les services financiers dans les régions rurales. L’établissement a déjà ouvert son capital aux investisseurs privés en 2015 : 17 % de ses parts furent cédées pour près de 7 milliards de dollars à des investisseurs chinois et étrangers. Parmi eux, on comptait les géants du Web chinois Tencent et Alibaba (Ant Financial) ainsi que le fonds singapourien Temasek, JP Morgan et la banque suisse UBS. Cette première levée témoigne du souhait et de la nécessité pour ce mastodonte de l’épargne de se transformer en banque commerciale plus dynamique.
Transformation du modèle économique, enjeux et dangers
Le développement de son activité de finance en ligne, notamment, est crucial pour moderniser son modèle économique et faire face à la concurrence, qu’il s’agisse de banques traditionnelles ou de nouveaux acteurs tels que les produits de prêts et d’épargne entre particuliers qui fleurissent sur Internet. Cette transition devra s’effectuer rapidement pour répondre aux exigences du marché et rassurer les investisseurs. Mais la Banque postale chinoise est-elle calibrée pour ce type de transformation ?
Son réseau étendu d’agences ayant initialement fait sa force pourrait devenir un handicap dans ce contexte de compétitivité exacerbée et de révolution technologique. Plusieurs analystes suggèrent que sa difficulté à contenir le gonflement des coûts et à maintenir la rentabilité d’un tel réseau pourrait refroidir les potentiels investisseurs et nuire à son effort de transformation.