Les entreprises ont déjà vécu la révolution informatique (essor d’Internet depuis le début des années 90 permettant le développement de l’e-commerce notamment, explosion de la mobilité et des données partagées depuis une décennie). Aujourd’hui nous rentrons dans une nouvelle ère aux impacts encore insoupçonnés : la transformation digitale ou numérique du monde de l’entreprise. A la clé : un bouleversement qui va au-delà des outils technologiques et de la dématérialisation des processus mais qui touche au cœur des modèles économiques d’entreprises, bouleversant la relation client et les modes de travail des salariés.
La transformation numérique : un enjeu majeur pour les entreprises qui veulent rester compétitives
La transformation digitale est bien plus puissante encore que l’essor de l’informatique. L’adaptation à la transformation numérique est essentielle. En 2014 Philippe Lemoine, président de la Fondation internet nouvelle génération (FING), au moment de remettre son rapport « La transformation numérique de l’économie française » à Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, emploiera le terme de « cyber-rupture » pour signifier la révolution en cours.
Ne nous y trompons pas : nombreux sont encore les chefs d’entreprise qui sous-estiment l’impact radical de cette révolution digitale sur l’emploi et la formation. Philippe Lemoine se veut volontairement alarmiste pour ne pas rater le coche : la moitié des emplois actuels seraient amenés à disparaître d’ici 2030.
Le virage numérique n’est pas encore bien intégré par les entreprises
Ce virage numérique ne semble pas encore bien intégré ou tout simplement compris par nombre d’entreprises. Selon une étude réalisée par Capgemini et MIT Sloan Management Review, intitulée « Embracing Digital Transformation: A New Strategic Imperative » (saisir les opportunités offertes par la transformation digitale : un impératif stratégique), les entreprises peinent à déployer leur programme de transformation digitale.
Effectuée auprès de plus de 1500 dirigeants et collaborateurs dans une centaine de pays, cette étude révèle que pour près de 80 % des sondés, la transformation digitale sera un enjeu majeur pour leur entreprise dans les deux prochaines années et indispensable pour renforcer leur compétitivité. En revanche près de 65 % des personnes interrogées font état de difficultés à élaborer une stratégie efficace de transformation de leurs processus et se plaignent de la lenteur pour mettre en œuvre cette (r)évolution technologique.
Les facteurs de réussite d’une transformation numérique des modes de fonctionnement d’une entreprise
L’étude réalisée par Capgemini et MIT dresse quelques pistes de méthode pour parvenir à mettre en place de façon efficace un chantier de transformation digitale. Tout d’abord, il faut absolument que les dirigeants soient fortement convaincus et impliqués dans le projet et des modes de gouvernance innovants soient instaurés pour piloter toutes les initiatives dans ce domaine. Cela passe par un investissement financier conséquent pour accompagner cette stratégie : un groupe comme Accor en France alloue ainsi 230 millions d’euros sur cinq ans pour mener à bien son projet de transformation numérique.
En découle une mobilisation de l’ensemble des personnels nécessaire mais pas suffisante car des problèmes de compétences peuvent se faire jour faisant obstacle à la mise en œuvre du projet. Par définition la révolution numérique se heurte comme dans beaucoup de domaines à un obstacle lié à la nature humaine : l’immobilisme et la peur du changement.
Des exemples de success stories en matière de transformation digitale
L’entreprise Starbucks est citée en exemple de réussite de transformation numérique. Starbuck a misé sur ce projet en nommant un directeur des projets numériques. Parmi les projets mis en œuvre : du Wi-Fi libre dans tous les cafés Starbucks, un accès gratuit à certains journaux (comme The Economist), la possibilité de paiement en ligne ou dans ses boutiques avec son mobile.
Dans le secteur de la finance ou de l’assurance, l’urgence était vitale pour ne pas disparaitre : toutes les banques ou compagnies d’assurance ont dû se mettre à proposer des services en ligne, des nouveaux services de paiement face aux comparatifs de services bancaires sur Internet et à la concurrence du « Digital Banking » ou des sociétés d’assurance « Full Web ». Pour réussir cette mue technologique, les banques et assurances ont transformé leur business model et leurs processus internes (fonctions marketing, ventes, relation client, communication, production…) et misé sur une montée en compétence de leurs équipes, à un coût certes non négligeable.
L’énorme potentiel de création de valeur associée à la transformation numérique
Le cabinet McKinsey estime que la France pourrait accroître la part du numérique dans son PIB jusqu’à 100 milliards d’euros d’ici 2020 si les entreprises accélèrent pour mettre en œuvre leur transformation numérique. L’impact des technologies numériques de la 4ème révolution industrielle (Cloud computing, digitalisation, robotisation des processus, traitement des données Big Data, drones) pronostiquée par Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial de Davos, pourrait s’élever à près de 1 000 milliards d’euros en France d’ici 10 ans. Il paraît nécessaire de s’armer pour ne pas passer à côté de cet Eldorado numérique.
La mutation numérique des entreprises offre un gisement de croissance et de compétitivité prometteur. Cette transformation passe par un aggiornamento des processus de relation client et des modes d’organisations des entreprises. C’est aussi une révolution dans les esprits qui est attendue pour réussir ce tournant : outre une implication attendue de la part des dirigeants, il est nécessaire de lever les blocages organisationnels et combler le déficit de talents numériques parfois constaté.