Confrontée à des rapports qui épinglent ses investissements vers les énergies fossiles, la Société générale veut se tourner vers un avenir plus vert en soutenant les énergies renouvelables. Pour aller dans ce sens, elle a signé un accord cadre avec la Banque européenne d’investissement.
Signé le 17 février dernier, l’accord entre la Société générale (SG) et la Banque européenne d’investissement (BEI) a été largement relayé dans les médias. Il s’agit d’un partenariat visant à financer des projets liés aux énergies renouvelables. Il comprend une participation en risque et trésorerie qui s’élève à un total de 240 millions d’euros.
Concrètement, il prévoit de fonctionner en plusieurs étapes. Dans un premier temps, la SG reçoit, étudie et sélectionne des projets puis les transmet ensuite à la BEI avec une analyse technique et financière. Ensuite, la BEI garantit des fonds à hauteur de 80 millions d’euros grâce au plan Junker et via le fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI). La BEI s’engage également à débloquer 160 millions d’euros grâce à des prêts à taux bonifiés.
31 % des investissements de la BEI pour lutter contre le réchauffement climatique
Les fonds mobilisés doivent être utilisés pour financer des projets d’énergies renouvelables sur le territoire français, à condition qu’ils n’excèdent pas le montant unitaire de 50 millions d’euros. Des projets d’éolien terrestre ou d’énergie solaire feront par exemple l’objet de soutien grâce à cet accord. Très vite, un premier projet porté par l’entreprise française Valorem a déjà pu bénéficier d’un accompagnement. Il s’agit de la création de deux parcs éoliens situés à Dampierre-en-Graçay, dans le Cher.
Pour la BEI, cet accord est dans la continuité de sa politique entamée depuis quelques années : près du tiers de ses investissements (31 %) est désormais consacré à l’engagement en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.
20 milliards d’euros pour une transition verte
Du côté de la Société générale, la mise en avant de cet accord permet d’afficher une position officielle en faveur des énergies renouvelables. Une posture clairement incitée par la pression que commence à mettre le gouvernement sur les banques afin qu’elles réduisent leur empreinte carbone.
En novembre 2019 la SG s’est réunie à Paris avec ses concurrents autour du Climate Finance Day afin d’évoquer les solutions pour l’avenir. Car la situation est loin d’être flatteuse.
En effet, en février dernier, Impak, une société québécoise spécialisée dans l’impact social et environnemental des grandes entreprises, a dressé un classement des bons et mauvais élèves parmi les sociétés cotées en Bourse. Si les entreprises du CAC 40 affichent un score moyen de 222/1000, les établissements financiers comme la SG sont loin d’être parmi les bons élèves.
Le mauvais rang de la SG dans ce classement fait écho aux nombreuses manifestations qui ont été menées par des associations écologistes à l’encontre de la banque en 2019. Principal grief, les investissements consentis par la SG pour soutenir des projets d’extraction de gaz de schiste en Amérique du Nord.
Dans ce contexte, la Société générale veut opter une politique plus « verte » et ainsi se démarquer de ses concurrents qui tardent à réagir. D’ailleurs, la direction rappelle qu’elle avait déjà commencé à s’engager en matière de conseil et de financement depuis 2015 et l’accord de Paris sur le climat. Elle précise aussi qu’elle prévoit de débloquer 20 milliards d’euros supplémentaires sur la période 2019-2023 dans le cadre de cette transition verte.
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