Juillet 2013 – Dexia revient sur le devant de la scène. Cette fois, c’est la Cour des Comptes qui publie un rapport au vitriol sur la faillite de la banque franco-belge créée en 1996 . Explications.
Pour les sages de la rue Cambon, la note est beaucoup trop salée
Au total, le sauvetage de Dexia aura coûté 6,6 milliards d’euros à l’Etat français. Et ce n’est pas fini ! La banque – ou ce qu’il en reste – gère encore 245 milliards d’euros d’actifs toxiques et, avec le débouclage du dernier emprunt prévu en 2053, elle devrait peser sur les finances publiques pendant encore de nombreuses années…
Non, Dexia n’a pas été victime de la crise !
Pour la Cour des Comptes qui est bien décidée à mettre les points sur les i, c’est la politique de ses dirigeants qui a conduit Dexia à cette faillite retentissante . Dans l’euphorie des années 2000, son président-fondateur, Pierre Richard, fait des choix de plus en plus risqués : acquisition de FSA, un assureur américain de crédit ; investissements dans des fonds de Bernard Madoff ; achat de dette grecque…
Côté pile, la stratégie semble payante . En 2004, Dexia dont les résultats augmentent de plus de 10 % chaque année est l’une des premières banques européennes et pèse 20 milliards d’euros en bourse. Côté face, la situation est moins rose. Dexia emprunte des sommes astronomiques sur les marchés financiers pour les prêter à long terme aux collectivités. Pis – ses investissements commencent à entamer son capital de manière dangereuse…
2007 – crise des subprimes
En moins d’un an, le château de cartes s’effondrera. Première victime : FSA qui a accumulé 20 milliards d’euros d’actifs toxiques. Puis vient le tour de Dexia qui croule sous 485 milliards d’euros de dettes et de produits risqués.
Fin septembre 2008, la banque n’a plus que quatre jours de liquidité devant elle . Elle appelle ses gouvernements de tutelle à la rescousse ; et ceux-ci n’ont guère le choix… Il faut sauver le soldat Dexia ! En France, c’est le principal financeur des collectivités locales ; en Belgique, une banque de détail réputée. Si rien n’est fait, le coût social dans les deux pays sera exorbitant.
Clap de fin pour Dexia
Exit Pierre Richard et son bras droit Axel Miller. Ils sont remplacés par Pierre Mariani, un ténor de BNP Paribas, et Jean-Luc Dehaene, ex-Premier ministre belge. Le duo travaillera d’arrache-pied pour redresser la banque. Mais, en 2011, la crise de la dette dans la zone euro réduira leurs efforts à néant…
Dexia qui n’a plus accès aux marchés est démantelée . La France crée une nouvelle banque des collectivités, avec la Caisse des Dépôts et Consignations et La Banque Postale. La Belgique nationalise l’activité de détail ; et une bad bank est créée. Sa mission : vendre les actifs toxiques en limitant la casse…
La Cour des Comptes réclame des sanctions !
Dans le collimateur ? Les dirigeants de Dexia qui, après avoir péché par « excès d’ambition et manque de professionnalisme », ont reçu des sommes insensées au moment de leur départ. Au total, 26 millions d’euros en retraites chapeaux et parachutes dorés …
Pour la Cour des Comptes, c’est un scandale ; et il est temps que l’Etat réagisse !