Les nouvelles technologies ont bousculé les modèles économiques traditionnels de nombreux secteurs comme la musique, la presse ou bien encore les transports. Le milieu bancaire n’est pas épargné par la révolution digitale. Les banques doivent faire face à de nouveaux enjeux et les conséquences qui en découlent. Une illustration parfaite est la Deutsche Bank en Allemagne qui vient d’annoncer un plan de financement de 750 millions d’euros sur 4 ans pour sa numérisation et sa stratégie digitale en coopération avec les fintech.
Les fintech et la révolution numérique
Fintech est la contraction des mots « finance » et « technologie » et désigne une start-up qui à travers l’innovation technologique révolutionne les services financiers et bancaires.
Les fintech interviennent dans différents domaines :
- le financement participatif (aussi appelé « crowdfunding ») grâce auquel des particuliers peuvent financer des projets de tout type via une plateforme dédiée à travers des dons ou des prêts.
- Les applications mobiles qui permettent aux utilisateurs de gérer leurs comptes, réaliser directement des transactions, discuter avec son conseiller bancaire…
- Les monnaies virtuelles comme le système de Bitcoins.
- Le paiement en ligne via son smartphone ou Internet tel que le dispositif PayPal.
Toutes ces innovations rendent la finance plus accessible et plus rapide et les fintech bouleversent notre mode de consommation des services bancaires.
D’après une étude publiée par la Fédération bancaire française (FBF), « l’utilisation des services en ligne progresse, que ce soit pour la consultation des comptes (74 %, +4 points), le paiement des achats en lignes (65 %, +3 points), les virements (58 %, +7 points). Désormais 43 % des Français se déclarent prêts à souscrire à au moins un produit ou un service uniquement sur internet, sans passer par un conseiller (contre 29 % en 2013). »
Markus Pertlwieser, Chief Digital Officer à la Deutsche Bank, note d’ailleurs que les services bancaires numériques sont l’argument le plus important pour les nouveaux clients quand ils choisissent une banque.
L’exemple de la Deutsche Bank
La Deutsche Bank considère justement les fintech comme l’opportunité d’attirer de nouveau clients, d’optimiser les processus internes et de proposer de nouveaux produits et services, de meilleure qualité et plus rapide.
Les fintech ne sont pas en concurrence directe avec les banques traditionnelles mais offrent des services complémentaires, poussant les banques à innover comme l’explique Markus Pertlwieser lors d’une interview pour Business Insider. Selon le CDO allemand la « digitalisation nous oblige, dans un sens positif, à porter plus d’attention à nos clients, au marché et à la concurrence. »
La stratégie digitale de la banque allemande passe avant tout donc par la coopération avec des start-up. Ainsi la Deutsche Bank a récemment annoncé l’intégration de la plate-forme Deposit Solutions dans son offre commerciale pour les épargnants allemands. Un autre partenaire digitale est Figo, une application de gestion centrale de tous les services financiers pour tous les types de demande.
La banque gère également un atelier numérique à Francfort traitant avec des fintechs dans des domaines particuliers comme par exemple le « BIG DATA ». Par ailleurs trois laboratoires d’innovations ont été lancés respectivement à Berlin, San Francisco et Londres. Un quatrième devrait très certainement ouvrir prochainement en Asie.
Une solution non sans dommages collatéraux
Suite à la crise économique de 2008, dans le monde, les banques ont diminué leur masse salariale de plus d’un demi-million d’employés selon l’agence américaine financière Bloomberg. La suppression massive d’emploi dans le secteur bancaire répond aux enjeux de réduction des couts auxquels font face les banques.
La Deutsche Bank cherche donc à tirer les bénéfices des nouvelles technologies financières pour satisfaire les attentes des clients mais aussi réduire ses charges. Markus Pertlwieser le confirme : la digitalisation touche tout le monde dans l’entreprise et si les logiciels ne peuvent pas remplacer les conseillers personnels, leur technologie peut améliorer considérablement les conseils donnés. Ainsi de plus en plus d’opérations traditionnellement exécutées par des salariés sont désormais automatisées. S’en suit une diminution drastique des emplois dans un secteur qui n’en crée déjà plus.
La Deutsche Bank est d’ailleurs la banque européenne ayant supprimé le plus d’emplois et cela devrait continuer sur les deux prochaines années. En effet la banque allemande prévoit d’ici 2018 26.000 licenciements et la fermeture de 200 agences en Allemagne.