La Chine a vu chuter son PIB à 7.5% en 2012 et ses collectivités publiques affichent des dettes publiques colossales. Une vraie bombe à retardement !
Apres plus de 20 ans de croissance très soutenue, la Chine a vu chuter la progression de son PIB à 7.5% en 2012. Ce chiffre reste cependant envié, peu de pays peuvent se targuer d’avoir une croissance aussi soutenue aujourd’hui. Mais ses collectivités publiques affichent des dettes publiques colossales qui risquent de plomber l’envol du géant. Alors quand la Chine s’endormira ou… explosera ?
La croissance était, jusqu’à présent, la meilleure arme des emprunteurs. Elle entraine en effet des ressources supplémentaires pour les emprunteurs, ainsi qu’un certain optimiste en l’avenir, d’où des taux faibles sur les prêts émis par les créditeurs.
Les collectivités locales, premiers emprunteurs de Chine !
L’Etat chinois n’est pas menacé par un risque de défaillance sur ses emprunts, vu qu’il n’est endetté que de 14% du PIB en 2012. Les administrations locales, communes et provinces, sont par contre le plus souvent surendettées, on estime leur dette à 1200 milliards de dollars en 2010, et la Banque Centrale vient d’estimer la dette des provinces à 3500 milliards pour l’année 2012.
Ces emprunts locaux servent à financer les gigantesques projets d’infrastructures, comme les barrages, les routes, les ponts, qui poussent comme des champignons partout en Chine. Et alors que la consommation intérieure reste limitée et que les exportations ralentissent, la construction d’infrastructures reste le moteur principal du développement chinois.
Or, selon certains experts de la finance chinoise, ce type d’investissement, financé quasiment à 100% par l’emprunt, rend le miracle économique chinois fragile. Les villes endettées vont devoir rembourser les sommes astronomiques qui ont été empruntées. Au moment où le gouvernement affiche sa volonté de contrôler et de rendre plus transparents les comptes financiers de ses provinces.
L’exemple de la métropole de Chonqging
La métropole de Chongqing est devenue l’exemple type de la ville chinoise surendettée. Cette métropole est passée, en quelques années, d’une petite ville de province à un gigantesque centre économique, quadrillée par des infrastructures modernes : 3000 nouveaux km de routes, 48 ponts, un nouveau système ferroviaire, et avec 34 millions de mètres carrés de logements subventionnés pour les plus pauvres (entre autres constructions pharaoniques).
A la tête du gouvernement local de Chongqing entre 2007 et 2012, Bo Xilai, un prince rouge , avait très fortement appuyé les grands projets de sa région ; y compris un très controversé barrage sur le fleuve Yangtsé, critiqué par les écologistes. Sous son gouvernement la croissance dans la province de Chongqing a été la plus forte de Chine : à hauteur de 16.4% de son PIB.
Mais ce développement fulgurant à un prix : la province est endettée de l’équivalent de 22.3 milliards d’euros , pour une population de 33 millions d’habitants. La déchéance du prince rouge, accusé de corruption et d’abus de pouvoir, a cependant ralenti le rythme des dépenses, et les constructions en cours dans l’année 2013.
Un modèle financier encore partagé par les autres provinces
Malgré les condamnations du gouvernement central, malgré le procès de Bo Xilai, il semblerait que le système de financement par la dette ait été généralisé à toutes les provinces de Chine. Sans une reprise en main rapide par le gouvernement central des finances publiques locales, les dettes des provinces pourraient bien constituées une bombe à retardement pour la croissance du pays.