J’ai eu l’occasion de pratiquer, dans une autre vie, le monde de l’industrie du phosphate. Depuis, j’ai cette étrange hobby que de m’intéresser à l’agriculture en Afrique et à l’industrie qui y est rattachée (je vous rassure, c’est intéressant, les grosses pelleteuses qui extraits du phosphate, le mette dans un train qui l’envoie dans une usine qui le transforme en engrais, lui-même mis sur un bateau qui part en inde pour augmenter les rendements agricoles. Bref.).
Petit rappel contextuel: OCP, groupe marocain dirigé par Mostafa Terrab (une « personnalité » au Maroc, diplômé du MIT que j’ai eu l’occasion de croiser par hasard il y 4 ans) est à l’origine d’une grande partie de notre chaine alimentaire. Ce groupe est en effet le principal exportateur mondial de phosphate, minerai servant de base à une grande partie des engrais utilisés dans le monde. Le groupe de Mostafa Terrab n’est pas une filiale d’un groupe étranger mais 100% marocain, rare pour être signalé (surtout quand il ne s’agit pas d’énergie comme la Sonatrach en Algérie).
Pour revenir au « FMB Africa 2011 » (Fertilizer Market Bulletin, conférence pour le développement de l’agriculture en Afrique), Mostafa Terrab, PDG de l’OCP (Office Chérifien des Phosphates), est intervenu au cours de la 2ème édition qui s’est tenue du 9 au 11 mars 2011 à Marrakech.
Son discours m’a plus convaincu que ce que j’avais pu lire jusqu’à présent. M. Terrab a insisté sur l’importance de politiques globales pour l’agriculture en Afrique et sur la nécessité d’un partenariat public-privé poussé pour le développement agricole de l’Afrique. Monsieur Terrab a souligné le rôle clé de son groupe dans ce processus et a insisté sur son statut « d’entreprise africaine ».
Je suis donc satisfait de voir que des initiatives ce montent sur cette thématique et pour une fois par des entreprises africaines.
Je n’étais pas présent à cette édition du FMB mais espère être présent l’année prochaine (juste eu une retranscription et visualisé plus tard la vidéo sur la chaine Youtube de l’OCP).
Nous attendons tous avec impatience les résultats à venir !
Je vous ai joint ci-dessous une transcription du discourt de Mostafa Terrab, pour ceux que cela intéresse. Un peu brut de décoffrage, mais je me le suis procuré au niveau des organisateurs.
Mostafa Terrab : « C’est un réel plaisir de vous avoir ici, merci d’être venus en si grand nombre. Permettez-moi également de remercier FMB pour leur esprit de coopération et leur professionnalisme c’est un vrai plaisir de travailler avec vous et c’est un partenariat de long terme.
Je ne serais pas très long, en fait j’ai seulement un message que j’aimerais transmettre.
En tant que compagnie africaine, OCP est engagée à contribuer à la croissance de tous les secteurs agricole africains, et ce n’est pas uniquement parce que nous sommes africains, mais parce que nous avons la foi.
Au Maroc la bonne combinaison entre les politiques publiques et les engagements du secteur privé -et pas uniquement les producteurs comme OCP mais aussi les distributeurs, et je reconnais ici certains de nos partenaires marocains- Cette bonne combinaison a déjà permis une forte croissance du secteur agricole du Maroc.
La politique « loudoun 2 »- c’est le plan vert marocain- et l’engagement d’opérateurs comme OCP et des distributeurs vient vraiment en plusieurs formes, mais peut seulement être porté par des politiques publiques fortes et proactives. Nous croyons que les mêmes facteurs de succès devraient être planifiés en Afrique et apporter de la croissance. Nous y croyons fort. Nous l’avons vu, nous avons également commencé à travailler dans de nombreux pays africains, avec des partenaires et des collègues -qui sont ici et je suis vraiment heureux de les revoir et les accueillir.
Nous pensons qu’il y a quelques ingrédients et je vais les citer, peut-être 5 ingrédients :
– Un : Des valeurs dédiées de la part des producteurs : c’est ce que nous avons fait ces dernières années à OCP. Quand je dis volumes dédiées pour l’Afrique vous pouvez être surpris. L’Afrique a toujours été considérée après coup, pour les producteurs de fertilisant il n’y avait pas de volumes dédiés et nous étions xx autant que les autres. Ce que nous avons fait au cours des dernières années a été de donner des volumes dédiés au marché africain et cela a fait une grande différence car ça donne une visibilité pour les distributeurs et ils peuvent se sentir en sécurité pour agrandir leur marché et c’est très important. En fait, les prochains mouvements que nous allons annoncer dans quelques semaines ne sont pas des volumes dédiés mais des capacités industrielles dédiées pour l’Afrique en partenariat avec d’autre compagnies africaines. Je pense que c’est un ingrédient important, qui donne de la visibilité, prévisibilité et c’est une clé pour aider des opérateurs situés en aval à investir et avoir confiance dans le marché et avoir confiance dans le fait qu’ils auront le produit pour le marché
– Le second ingrédient est aussi de ne pas penser que l’Afrique est secondaire. C’est d’avoir des produits dédiés et sur mesure pour l’Afrique, les conditions locales sont clés, ce n’est pas juste une question d’apporter en Afrique des produits qui ont fonctionné ailleurs. OCP a un processus pour développer des engrais spécifiques pour l’Afrique qui sont adaptés aux conditions. Pas seulement parce que ça a du sens en terme de coûts et de productivité mais aussi parce qu’il est clé que le développement agricole se produise sans les erreurs et les problèmes qui ont eu lieu dans d’autres régions. Il est clé que le bon engrais aille dans le bon sol, pour la bonne culture, en Afrique plus qu’ailleurs. C’est pourquoi, comme le dit la politique « loudou 2 » nous n’avons pas travaillé uniquement sur une carte de fertilité des sols au Maroc, et je suis vraiment heureux et satisfait des progrès que nous avons fait dans d’autres pays africains, en particulier au Mali avec l’aide des Emirats où l’institut de recherche marocain pour l’agriculture a développé un programme pour créer une carte de sols fertiles et je suis heureux que cela avance dans la bonne direction. Ceci est la base de ce que j’appellerai une fertilisation raisonnable et équilibrée, et nous soutenons fortement les efforts en phases, et les efforts de longue durée sur ce sujet. Les producteurs d’engrais sont conscients qu’au-delà de produire des engrais, ils doivent aider et être proactif et être les conducteurs pour apporter une fertilisation équilibrée et raisonnable. C’est très important de commencer cela en Afrique.
– Le plus important ingrédient pour nous, le troisième, est de travailler avec des partenaires locaux. Et c’est pourquoi, bien que nous nous considérons comme une compagnie locale africaine, nous faisons d’importants efforts pour rechercher des partenaires du même avis en Afrique, qu’ils soient distributeur ou autre type de partenaires. Pourquoi ? Parce que comme je l’ai dit, le bon produit pour le bon sol pour la bonne culture, et bien c’est l’innovation, c’est la R&D et la R&D et l’innovation sont locale, elles doivent être locales.
– Quatrième ingrédient, je l’ai dit et je le répète : cela est uniquement possible si la bonne politique est en place. En effet au-delà de la bonne politique si un vrai partenariat public/ privé est en place, où la bonne politique, les opérateurs privés et public avancent main dans la main et se renforcent mutuellement.
– Le Cinquième -j’ai promis cinq ingrédients- auquel nous sommes engagés est de soutenir des conférences comme celle-ci , donc nous continuerons de la soutenir, parce que c’est une une conférence concrète, avec la volonté de mener à des solutions, d’être underground, donc c’est un cinquième ingrédient que nous continuons de soutenir.
Simplement ce qui se passe ici, en ce qui concerne OCP, c’est une base d’action et nous sommes heureux de vous accueillir… »