La Banque Industrielle et Commerciale de Chine plus connue sous l’acronyme ICBC, envisage de créer un centre d’affaires RMB offshore au Luxembourg pour couvrir l’Europe. Cette annonce a récemment été faite lors du séminaire « Partenariat et Opportunités » organisée au Luxembourg, en présence de Jiang Jianqing, président d’ICBC, et de Luc Frieden, actuellement ministre des Finances luxembourgeois. C’est quoi et pourquoi ? Explications…
Pour les moins avertis d’entre nous, le RMB correspond à l’abréviation de Yuan Renminbi « la monnaie du peuple » ou Renminbi (RMB) ou encore Yuan, la monnaie officielle chinoise. Avant 2009, le RMB ne pouvait être utilisé qu’en Chine, le contraire étant strictement interdit. Depuis les régulations de 2009, la Chine a petit à petit développé un marché « offshore » de sa monnaie, en dehors de ses frontières. Le RMB peut désormais être utilisé en dehors de la Chine et fluctuer pour le paiement de biens, de services ou pour des investissements.
Puisque la Chine est devenue en 2012 la deuxième plus grande économie du monde, les affaires RMB offshore ont donc eu tendance à s’élargir depuis l’Asie vers d’autres continents, dont l’Europe.
Le RMB offshore à la conquête du marché.
Xu Zhi, responsable du marché financier d’ICBC en Europe, a indiqué que, l’année dernière, ICBC Europe a, de ce fait, pu réaliser un financement du commerce transfrontalier en RMB pour une somme équivalente à 10,8 milliards de yuan soit 1,8 milliard de dollars américains, et ainsi générer un montant cumulé de 25,9 milliards de yuan soit 4,2 milliards de dollars par transaction transfrontalière en RMB.
Cette année, de janvier à avril, ICBC Europe a constaté une dynamique intensifiée dans ses affaires RMB : 17,5 milliards de yuan soit 2,8 milliards de dollars s’agissant du financement du commerce transfrontalier en RMB et 16,4 milliards de yuan soit 2,7 milliards de dollars pour les transactions transfrontalières en RMB.
En pratique, en mars 2013, ICBC Europe a aidé la société française Renault à émettre des obligations pour une somme de 750 millions de yuan soit 122 millions de dollars par l’intermédiaire d’ICBC Asie sur le marché financier de Hong Kong.
Un montant cumulé de 3.000 milliards de yuan !
Li Yanni, actuellement directrice de la division des affaires RMB offshore au siège central d’ICBC Beijing, estime que cette banque commerciale chinoise dispose de 400 établissements dans 39 pays et régions et dispose d’un meilleur accès aux marchés financiers de 18 pays africains comme le principal actionnaire unique de la Standard Bank.
Depuis le lancement des affaires RMB offshore en 2009, ICBC a activement fait la promotion de la mise en pratique des affaires RMB dans des opérations transfrontalières. Désormais son réseau de compensation en RMB couvre près de 70 pays et régions. Les affaires transfrontalières en RMB ont ainsi atteint un montant cumulé de 3.000 milliards de yuan soit un total de 492 milliards de dollars.
Le Luxembourg, plateforme de développement des affaires RMB offshore
Avec son siège social au Luxembourg, ICBC Europe gère donc un réseau qui s’étend sur les plus grandes villes européennes, à savoir Amsterdam, Milan, Paris, Bruxelles, Madrid, Barcelone, Lisbonne et Varsovie. Le Luxembourg reste l’un des centres financiers les plus importants en Europe et dans le monde et une excellente plateforme pour le développement des affaires RMB offshore.
Le Luxembourg dispose d’ores et déjà de 20 milliards de yuan soit 3,3 milliards de dollars de dépôts en RMB, soit la plus grande trésorerie existante dans toute la zone euro! Et ce n’est pas tout, des prêts à hauteur de 30 milliards de yuan soit 5,9 milliards de dollars y sont actuellement structurés. Ainsi, son industrie des fonds gère 200 milliards de yuan d’actifs en RMB, soit 32,8 milliards de dollars.
Réel succès ou paradis fiscal ?
Le ministre luxembourgeois des Finances, M. Frieden s’est réjoui quant à lui du développement des affaires RMB offshore d’ICBC au Luxembourg et en Europe. Il qualifie ce partenariat de réel succès commun pour ICBC et le Luxembourg.
Les plus sceptiques ne pourront s’empêcher de penser à la stratégie cachée de ce partenariat, potentielle niche chinoise dans un paradis fiscal luxembourgeois… Comme dit le dicton : wait and see !