Alors que les annonces de fermetures d’usines et de plans sociaux se succèdent, le cabinet AlixPartners a publié ce lundi 17 juin son rapport annuel sur l’état du marché automobile. Des résultats inquiétants, qui laissent présager le pire pour l’industrie française.
Dix usines automobiles de trop en Europe. Soit 58% des usines du continent qui perdent de l’argent. Dans son étude annuelle, le cabinet AlixPartners tire la sonnette d’alarme. « Aujourd’hui, près de deux tiers des usines tournent à moins de 75 % de capacité, le seuil de rentabilité d’un site d’assemblage. », s’inquiète Laurent Petizon, le directeur général d’AlixPartners France.
Pour être rentable, une usine devrait atteindre les 80%. On est loin du compte, et une amélioration n’est pas prévue pour tout de suite. L’étude prévoit en effet une dégradation du marché jusqu’en 2014.
Les effets de la crise depuis 2008
Ce constat, bien qu’il soit alarmant, ne peut surprendre. Le quotidien national rappelle en effet que « Depuis la crise de 2008, le marché en Europe de l’Ouest n’a cessé de chuter, passant de 16 à 12 millions en 2013. Aujourd’hui, le Vieux Continent disposerait d’une surcapacité de production de 3 millions de véhicules soit l’équivalent de dix usines de taille moyennes. » On se souvient qu’en février, PSA-Peugeot Citroën annonçait les pires résultats financiers de son histoire, avec une perte d’environ 5 milliards d’euros sur l’année 2012.
Aux dernières nouvelles, c’est une baisse de près de 6% qu’affichent les ventes de voitures neuves en Europe, avec un recul catastrophique en France de 10,4%.
Le Royaume-Uni, nouveau leader ?
Cette perte de vitesse du pays par rapport à certains États européens pourrait bien modifier le paysage automobile européen voire mondial. Nous avons en effet perdu 1,2 millions de voitures depuis 2000, passant du quatrième au onzième rang mondial, toujours selon AlixPartners.
A qui cela va-t-il profiter ? Il semble que le Royaume-Uni soit en bonne voie, n’ayant pas l’air de ressentir les effets de la crise. Avec la Belgique, ce sont les deux seuls pays qui voient leurs ventes de voitures progresser. Tim Abbott, responsable du constructeur BMW au Royaume-Uni, estime d’ailleurs que le pays « sera numéro deux dans quelques années », soit en 2018, derrière l’Allemagne, qui elle, n’a reculé que d’un rang (elle est passée du 3e au 4e rang).
Sacrifier des usines, peut-être la seule solution
Ce sont les conséquences sur l’emploi qui m’inquiètent. Si l’on veut atteindre le seuil salvateur des 80%, il faudrait, comme l’ont fait les États-Unis en réponse à la crise, sacrifier de nombreuses usines. Rien qu’en France, il faut imaginer que ce sacrifice correspondrait à « plus que la production des cinq sites de Renault en 2012 ». Après la fermeture de l’usine Goodyears d’Amiens, l’annonce de celle de PSA Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ainsi que les prévisions de réduction des capacités de production à La Janais (Rennes), quelles seront les prochains constructeurs à mettre la clé sous le paillasson ?
Je croyais que l’industrie automobile avait connu le pire avec l’année 2012. Mais à voir l’Allemagne, ce géant de l’automobile, perdre un rang dans le classement bien que ses usines tournent à plus de 80%, les scénarios les plus pessimistes me semblent envisageables en France. Pour atteindre 2014 sans faire faillite et sans pour autant adopter la solution étasunienne, ce qui serait catastrophique pour l’emploi en France, les constructeurs automobiles ont de longs mois devant eux.