Après plusieurs années de rendements anémiques, les obligations font un retour remarqué dans les portefeuilles des investisseurs en 2025. Le resserrement monétaire engagé depuis 2022 par les grandes banques centrales, puis leur stabilisation récente, a contribué à redonner de l’attractivité à ces instruments longtemps délaissés. Mais avant d’envisager un investissement, il est essentiel de comprendre ce que sont les obligations, leurs avantages, leurs limites et les débats qu’elles suscitent dans le contexte actuel.
Une obligation est un titre de créance. En achetant une obligation, l’investisseur prête de l’argent à un émetteur (État, entreprise, collectivité) qui s’engage à lui verser un intérêt régulier (appelé coupon) et à lui rembourser le capital à l’échéance. Contrairement aux actions, les obligations ne confèrent aucun droit de vote ou part de propriété dans l’émetteur. Elles sont considérées comme des placements plus sûrs et plus stables, en particulier les obligations d’État notées AAA.
Comprendre les obligations et leur regain d’intérêt
Le principal attrait des obligations aujourd’hui réside dans la remontée des taux d’intérêt. À la suite des hausses décidées par la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne (BCE) et d’autres institutions, les nouvelles obligations offrent des rendements bien supérieurs à ceux des dernières années. Certains emprunts d’État à 10 ans dépassent les 3 à 4 %, et certaines obligations d’entreprises bien notées offrent des taux encore plus élevés. Cela permet aux épargnants d’obtenir des revenus réguliers sans nécessairement prendre des risques sur les marchés actions.
Autre avantage, les obligations apportent de la diversification à un portefeuille. Leur comportement est souvent décorrélé de celui des actions, ce qui permet de réduire la volatilité globale des placements. De plus, les obligations peuvent être revendues sur les marchés secondaires avant leur échéance, ce qui donne une certaine flexibilité à l’investisseur.
Cependant, les obligations comportent aussi des risques. Le principal est le risque de taux : si les taux continuent d’augmenter, la valeur des obligations déjà émises peut baisser sur le marché secondaire. Il existe aussi un risque de crédit, notamment pour les obligations d’entreprise : si l’émetteur rencontre des difficultés, il peut ne pas honorer ses paiements. Enfin, l’inflation peut rogner le rendement réel des coupons, surtout si les obligations sont à taux fixe.
Il y a des risques, des critiques et des perspectives à surveiller
Ces limites ont conduit à certaines critiques. Certains analystes estiment que l’engouement actuel pour les obligations pourrait être prématuré. Si l’inflation repart à la hausse ou si une nouvelle crise économique survient, les obligations à long terme pourraient perdre de leur valeur. D’autres soulignent que de nombreux épargnants ne comprennent pas les mécanismes complexes des obligations, notamment les interactions entre taux, prix et durée, ce qui peut conduire à des choix inadaptés.
En parallèle, une polémique persiste sur le rôle des agences de notation qui attribuent des notes aux émetteurs d’obligations. Ces notes influencent fortement le coût d’emprunt, mais leur objectivité et leur fiabilité ont été remises en question à plusieurs reprises, notamment lors de la crise financière de 2008.
Malgré tout, les perspectives pour les obligations restent globalement positives à court et moyen terme. Dans un environnement de taux stabilisés et de croissance modérée, elles constituent une alternative crédible à l’immobilier et aux actions volatiles. Les obligations indexées sur l’inflation ou les fonds obligataires diversifiés peuvent être de bonnes options pour ceux qui cherchent un équilibre entre sécurité et rendement.
Les obligations sont de retour dans le jeu de la gestion patrimoniale. Bien utilisées, elles peuvent constituer un pilier solide d’une stratégie d’investissement équilibrée. Encore faut-il en comprendre les mécanismes et rester attentif à l’évolution des taux, de l’inflation et du contexte économique global.
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