Presstalis, premier distributeur de presse papier, a annoncé un mouvement de grève ce mercredi 6 janvier. En appelant à cesser le travail, le Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE-CGT), espère peser sur le plan de restructuration de l’entreprise, qui prévoit 1250 suppressions de postes sur les 2500 salariés. Une grève que les patrons de presse ont largement dénoncée. Et pour cause : elle fragilise encore un peu plus leur secteur, dont l’avenir est déjà plus qu’incertain.
Un plan de reprise de Presstalis évalué entre 230 et 250 millions d’euros
La presse va mal. Très mal. Et la grève d’aujourd’hui ne va pas arranger les choses. En conséquence du mouvement à Presstalis, les éditeurs ont choisi de ne pas imprimer leurs journaux. Aucun quotidien national ne sera donc disponible en kiosque, mais seulement en ligne, amorçant un peu plus le virage vers le tout numérique. Le Figaro, lui, est carrément disponible gratuitement sur Internet.
Fin 2012, Presstalis avait pourtant été sauvé in extremis, avec un plan évalué entre 230 et 250 millions d’euros, signé entre l’entreprise, les éditeurs et l’Etat. Depuis, l’entreprise a ouvert des négociations pour sa réorganisation industrielle et son plan social. Reste que ce projet de restructuration prévoit toujours la suppression de la moitié des effectifs. Difficile à digérer pour les employés des ex-NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne). Encore plus pour les patrons de presse et les journalistes, qui ont déjà subi une trentaine de mouvements perturbant la distribution ces derniers mois et qui sont déjà en plein bras de fer avec Google.
Le syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN, patronat) a dénoncé une grève d’une « gravité exceptionnelle » et un « saccage » du travail des personnels des médias. « Les ouvriers du livre, en tout cas ceux qui ont décidé d’aller à la politique du pire, pensent qu’en mourant ensemble nous vivrons plus longtemps. Funeste erreur », a commenté quant à lui Nicolas Demorand, directeur de Libération, sur un ton plus qu’amer.
Presstalis perdrait de deux à trois millions d’euros par mois
Ce jeudi 7 février doit se tenir une réunion entre les représentants syndicaux de Presstalis et la direction. Signe d’une nouvelle journée de grève ? Les journaux, eux, pourraient bien ne pas le supporter. Déjà dans l’impasse depuis plusieurs années, les principaux quotidiens nationaux d’information générale — Le Monde, Le Figaro, Libération, Le Parisien — voient leurs ventes baisser d’année en année.
Qui de Presstalis, qui perdrait de deux à trois millions d’euros par mois, ou des médias est le plus à plaindre dans cette affaire ? Indéniablement, en bloquant les imprimeries, les salariés du distributeur de presse aspirent les journaux dans un tourbillon funeste, et participent à noyer un secteur déjà en crise.
Mais si les médias parviendront peut-être à sortir la tête de l’eau, rien n’est moins sûr en ce qui concerne ceux que l’on oublie, et qui seront, à mes yeux, peut-être les plus impactés : les kiosquiers. Les 30 000 marchands de journaux présents sur le territoire français voient également leurs ventes chuter et leur situation s’aggraver. Dimanche 3 janvier, le Parti socialiste a appelé l’Etat à garantir la présence de tous les journaux dans les points de vente. Peut-être serait-il temps que ce dernier agisse en ce sens.