Les Français sont situés parmi les plus gros épargnants au Monde. Alors que le rendez-vous annuel de l’épargne aura lieu le 31 octobre, faisons le point sur l’évolution du rapport qu’ont les Français avec l’épargne.
Ce rendez-vous annuel vantant les bienfaits de l’épargne à travers le monde est un « sommet » qui a presque cent ans d’existence. En effet en 1924 avait lieu la première réunion de caisses d’épargne dont il reste des traces. 29 pays y participaient alors.
L’épargne est la partie du revenu qui n’est pas dépensée sur une période donnée au cours de laquelle l’argent n’est ni consommé, ni dépensé, ni perdu. Il est « gardé de côté » sous la forme d’un placement, d’un investissement ou bien d’argent liquide.
Traditionnellement, l’épargne prend trois formes : l’épargne classique où l’argent est immédiatement disponible (pièces, or, billets…), l’épargne collective qui repose notamment sur les mécanismes de prélèvements sociaux en vue de la retraite. Enfin il y a l’épargne solidaire qui se décline sous forme de livrets ou d’épargne d’entreprise pour citer les plus connues.
Le livret A reste la vedette malgré ses rendements
« Champions du monde ! » En effet historiquement, la France a toujours été (et continue d’être) un pays d’épargne malgré la baisse de rentabilité de ce type de placement. Seule l’Allemagne soutient la comparaison et agit de la même façon. Cela à la différence des Anglais, Espagnols ou encore des Américains privilégiant d’autres moyens de faire fructifier leurs revenus.
Au total, sur l’année 2018, les Français ont épargné 5.001,7 milliards d’euros dont 400 milliards rien qu’en livret A et en livret de développement durable et solidaire (LDD). Le plus apprécié des placements demeure le livret A malgré la chute de ses taux d’intérêts (0,75%). Un tel taux peut, à cause de la hausse de l’inflation, même faire perdre de l’argent. Les Français apprécient aussi l‘assurance-vie (un sur cinq considère que c’est le meilleur placement) ainsi que les actions ou titres de créance.
La raison de cet intérêt s’explique d’abord par une question de mentalité. Le Français privilégie la sécurité plutôt que la rentabilité. En effet seuls 6 % des Français affirment réaliser des placements à risque et à peine 2% sont très offensifs au point de prendre des risques élevés pour leur épargne. Il y a globalement un manque d’informations et un manque de connaissances sur les sujets économiques et le Français, pas forcément aidé par son banquier qui reste cloisonné dans des schémas traditionnels, peine à comprendre tous les mécanismes.
L’intérêt collectif, pas le souci de l’épargnant
Il paraît clair qu’aujourd’hui, le Français est un peu désorienté par rapport à la manière dont il doit faire fructifier son argent. Un chiffre illustre nettement ce désarroi : en 2018, les sommes déposées sur les comptes d’épargne ont été trois fois inférieures à celles mises sur les comptes courants. En clair, les Français ont laissé « dormir » leurs économies sur leur compte qui ne leur rapporte rien. Une tendance qui démontre bien que l’épargnant français ne sait pas vraiment à qui faire confiance.
La peur des marchés financiers et le manque de confiance vis-à-vis des banques s’accentuent, créant une crainte chronique qui sera bien difficile à atténuer. Si bien qu’aujourd’hui, de nombreux Français ayant de petites économies se posent régulièrement cette question : « que dois-je faire de mon argent ? »
L’an passé, de nombreux banquiers ont trop tardivement poussé les épargnants à boursicoter, ce qui n’a pas aidé les rendements. Cela a créé des déceptions chez des clients déjà naturellement frileux vis-à-vis des marchés financiers.
L’Etat possède aussi sa part de responsabilité en étant trop incitatif vis-à-vis de l’épargne à travers les crédits d’impôts qui sont offerts pour des produits pas forcément utiles à l’économie du pays et donc contraires à l’intérêt général.
Donner du sens à notre épargne
En effet si le Français n’est pas naturellement porté vers un désir de solidarité (soutenir l’économie traverse l’esprit de seulement 3 % des épargnants), la responsabilité de l’inciter davantage revient à l’Etat en proposant des crédits d’impôts pour des placements solidaires. Il n’est d’ailleurs pas sans savoir que la défiscalisation fait partie des motivations principales des épargnants (au même titre que les projets d’achat immobilier, achats de véhicule ou financement des études des enfants).
En 2019, en raison de la chute de ses rendements, l’épargne est à un tournant de son histoire. C’est donc le moment propice pour créer une nouvelle orientation en faveur de placements plus solidaires et écologiques. Ainsi l’épargnant pourra donner du sens à la façon dont il fait fructifier ses revenus.