S’il était encore quiconque pour en douter Le Forum économique mondial l’a rappelé: “le talent féminin reste l’une des ressources les plus sous-exploitées aujourd’hui dans le business”. C’est particulièrement vrai pour le secteur de la finance où plus le niveau de responsabilité augmente, plus la représentation féminine diminue. Si 46 % des employés de la finance mondiale sont des femmes, leur proportion se réduit à 15 % des staffs dirigeants selon une étude de Mercer, le plus grand cabinet de conseil en ressources humaines au monde.
Une culture de la finance caricaturalement masculine
L’histoire des milieux financiers, l’histoire du pouvoir de l’argent et de sa maîtrise à haut niveau, est celle d’un milieu très fermé de vieux messieurs dignes et stricts, rassemblés en petits comités dans des endroits sélectifs particulièrement imperméables aux nouveaux venus. C’est celle de gentlemen prenant leurs décisions en bonne compagnie dans des clubs où toute présence féminine relève parfois encore de la plus absurde incongruité.
C’est à ce genre d’héritage culturel, phallocrate s’il en est, que doit se confronter une femme qui souhaite réussir dans le monde de la finance. Concrètement, il en découle des critères de promotion étriqués et biaisés, des modèles de management archaïques et des pratiques professionnelles inflexibles qui rendent toute ascension féminine bien plus compliquée.
Le changement est possible
Fort heureusement qu’on le veuille ou non, le monde et la cause féminine évoluent et la finance suit le mouvement bon gré mal gré. Le magazine Forbes a interrogé sept des membres féminins de son Finance Council – un club regroupant exclusivement des cadres de la finance internationale – afin de leur demander comment elles avaient surmonté les obstacles auxquelles elles avaient été confrontées au long de leur carrière. Il ressort plusieurs éléments intéressants de cette consultation.
Le premier est que les femmes doivent cultiver leur différence et leur singularité. Selon elles, trop de femmes gaspillent de l’énergie à essayer de coller aux critères d’un monde qui n’accorde au premier abord de crédibilité qu’aux mâles dominants. Se recentrer sur la qualité de son travail en assumant son propre style permet de se libérer et de prendre plus de risques, explique ainsi Keri Gohman, présidente de Xero Americas, une société d’audit et comptabilité en ligne de 2300 employés.
Les femmes doivent construire le futur de la finance
Il apparaît surtout que si des femmes veulent une place dans le monde de la finance, la solution la plus judicieuse est de la créer elles-mêmes et de façonner à leur idée un nouveau business model pour ce secteur. Binna Kim, présidente et co-fondatrice de Vested, une société de conseil aux sociétés financières, explique en outre que le développement des hautes technologies appliquées à la finance constituent le terreau idéal pour des changements culturels et managériaux sur lequel doivent s’appuyer les femmes.
Et de plus en plus d’exemples confirment le bien-fondé de ces réflexions, parfois au plus haut niveau: citons Gita Gopinath, chef économiste du FMI, Adena Friedman, présidente du NASDAQ, Stacey Cunningham, P-DG de la Bourse de New York, Penny Goldberg, chef économiste de la Banque Mondiale ou encore Laurence Boone, chef économiste de l’OCDE.
Un dernier critère de succès est à remarquer dans ceux cités lors de cette consultation du Forbes. Au-delà de la simple rentabilité, ces dames mettent en avant l’importance d’avoir un impact positif sur son environnement professionnel et humain. Peut-être qu’une plus grande représentation féminine dans les milieux financiers en atténuerait sa réputation de cynisme.