Face à une recrudescence des arnaques, la publicité pour les crypto-monnaies avait été interdite par les géants du Web en mars 2018. Depuis le mois d’octobre, elle est de nouveau possible mais dans un cadre réglementaire très rigoureux.
Le constat est alarmant : en 2018, plus de 700 Français ont été escroqués par des arnaques au Bitcoin pour un préjudice total qui s’élève à plus de 31 millions d’euros. En moyenne, chaque épargnant a perdu autour de 24.000 euros. L’Autorité des marchés financiers (AMF) prévient les utilisateurs : les escrocs sont de véritables professionnels.
Le procédé est toujours le même : des particuliers qui souhaitent acquérir de la crypto-monnaie se laissent tenter par des publicités trouvées sur des sites Internet. Des placements à taux très intéressants leur sont proposés, ce qui les incite à miser de plus grosses sommes que celles prévues. Sauf que cet argent s’évanouit dans la nature et aucun bitcoin n’est vendu en retour de l’investissement réalisé. Ensuite, une fois l’arnaque constatée, l’argent est impossible à récupérer, les banques sont en général averties trop tard pour avoir la possibilité de bloquer l’envoi des fonds.
Politiques et géants du Web agissent contre ce fléau
Alerté par cette recrudescence de ces escroqueries, les politiques et acteurs du Web ont donc décidé d’agir contre ce fléau. Ainsi certains pays comme le Népal, la Bolivie ou l’Equateur interdisent tout bonnement le Bitcoin et, plus étonnant, les géants du Web se sont mis d’accord pour interdire tous les types de publicité concernant les crypto-monnaies.
En effet, en mars 2018, suite à de nombreuses arnaques utilisant leurs plateformes, Google, Facebook, Snapchat ou encore Twitter ont décidé d’interdire dans les pays les plus victimes de ses arnaques, la publicité concernant toute actif virtuel. Le directeur de la régie publicitaire de Google, Scott Spencer, avait justifié la décision par le grand nombre de préjudices subis par ses utilisateurs. S’il avait reconnu ne pas savoir quel impact auront les crypto-monnaies dans l’avenir, il préférait que son groupe reste prudent en la matière afin que les consommateurs ne soient pas lésés.
Ne pas négliger une source de revenus
Cette décision provoque d’ailleurs une période de flottement et un flou au sujet de l’avenir de la monnaie virtuelle. La peur de voir la dynamique des crypto-monnaies se briser en raison de décisions politiques et économiques a pu s’emparer des utilisateurs.
Mais les géants du Web et les banques ne sont pas des philanthropes et ils le savent : les jeunes générations se tournent de plus en plus vers les crypto-monnaies et ils représentent les épargnants de demain. Dans ce contexte, impossible de bouder une source de profit non négligeable et donc d’interdire la publicité sur le long terme.
La publicité oui … mais plus encadrée !
D’ailleurs Facebook a déjà fait un premier pas vers un retour de la publicité pour les crypto-monnaies en juin et les autres sont sur le point de suivre le réseau social de Mark Zuckerberg. En effet cette interdiction est désormais en passe d’être levée partiellement au Japon et aux Etats-Unis dans un premier temps. Mais ce changement de réglementation s’effectue toutefois dans un cadre très restreint.
Tout d’abord, seuls des annonceurs certifiés par le pays où ils souhaitent agir, pourront produire des contenus de publicité. Et toutes les annonces ne pourront être autorisées : seules celles concernant les plateformes d’échanges réglementées pourront publier leurs offres. Pour les ICO (Initial Coin Offering), aucun changement : elles restent interdites. En effet ces dernières présentent de plus grands risques d’arnaque et de tromperie.
L’assouplissement de l’interdiction décidée ce mois-ci est un moyen de ne pas fermer la porte aux monnaies virtuelles qui représenteront, selon les spécialistes, une part de plus en plus importante des revenus publicitaires sur le Web.