Le 14 juin 2018 s’achèvera le Tour de France des mécènes organisé par Admical. Débuté il y plus d’un an et au travers d’une vingtaine d’étapes, il a pour objectif de sensibiliser les responsables sur l’importance de s’engager pour l’intérêt général. L’association estime à 14 % le nombre d’entreprises pratiquant une activité mécénat. L’attente des Français se fait de son côté plus forte sur le sujet. Selon une étude réalisée par Admical et Kandar Public, 61 % d’entre eux estiment que le mécénat est un soutien important et 51 % pensent que les pouvoirs publics doivent l’encourager.
Admical dresse également tous les deux ans un bilan sur les pratiques de mécénat en France. Le baromètre 2016 évaluait à 3,5 milliards d’euros le montant total des budgets qui lui sont alloués par les entreprises. De plus, l’enquête montre qu’elles préfèrent donner de l’argent que d’offrir du temps ou du matériel. Ainsi, le mécénat financier est privilégié à 77 % par les entreprises et concerne 80 % des budgets alloués. Les mécénats de compétences et en nature représente une part minoritaire des montants engagés ; respectivement 12 % et 8 %.
Un mécénat principalement sur des projets sociaux et culturels
Selon le baromètre 2016, les activités de mécénat des entreprises sont orientées en premier lieu vers des projets sociaux et culturels ou patrimoniaux. Viennent ensuite les sujets liés à l’éducation, au sport et à la santé. De plus, 81 % des entreprises mécènes préfèrent s’engager régionalement alors qu’une part moindre choisit des actions à portée nationale ou internationale. Enfin, en moyenne les entreprises dont l’effectif dépasse les 250 salariés soutiennent jusqu’à cinq projets contre moins de deux pour les TPE/PME.
Les budgets de mécénats sont principalement portés par les entreprises de taille intermédiaire ou les grandes entreprises. Elles pèsent 60 % du montant total des fonds. Elles s’engagent le plus souvent sur des sujets ayant un lien avec leur activité économique. Par exemple, la fondation Michelin soutient des projets liés à la mobilité durable comme le programme de sécurité routière d’Enfants du Mékong au Cambodge. De son côté la chaîne de restauration collective Sodexo a lancé Stop Hunger pour lutter contre la faim et la malnutrition dans le monde.
16 % des TPE/PME engagées dans des actions de mécénat
Actuellement, le mécénat engage une part encore relative des entreprises de moins de 250 salariés ; les PME et les TPE pèsent respectivement 29 % et 11 % du montant total des budgets. Toutefois, leur implication est croissante. Le baromètre 2016 montre que 16 % d’entre elles avaient entrepris des actions de mécénats contre 14 % deux ans auparavant. Selon François Debiesse, président d’Admical, ce faible taux s’explique principalement par un manque de connaissance du mécénat. Par ailleurs, certaines TPE/PME œuvrent sans formaliser leurs actions ou l’afficher publiquement.
Le mécénat est devenu un atout important dans la communication d’une entreprise car il permet d’incarner les valeurs du groupe et valorise sa marque. Ensuite, il a un avantage fiscal indéniable : 60 % du montant des dons sont déductibles de l’impôt sur les sociétés. Mais au-delà des aspects marketing et financier, il permet de créer un lien fort avec les acteurs territoriaux et les salariés. Différentes études ont démontré que donner avait un effet positif sur le moral. Le mécénat vient ainsi renforcer l’engagement des collaborateurs et est un levier de la politique RH de l’entreprise.
Le mécénat au profit du développement personnel du salarié
Le mécénat pousse le salarié à évoluer dans un cadre différent de celui dont il a l’habitude. La confrontation à l’altérité est une démarche de développement personnel favorisant l’ouverture et la créativité. Mais c’est surtout une prise de recul face aux préoccupations de l’entreprise permettant ensuite de relativiser les décisions difficiles ou de mieux gérer les priorités. Le mécénat de compétence est une formule adaptée pour les personnes désireuses de s’engager dans des projets d’intérêt général mais peu enclines à s’impliquer sur de longues périodes du fait de leurs différentes obligations.
Selon une étude menée par Occurrence et Ticket for Change, 94 % de Français souhaitent agir pour contribuer à résoudre les grands défis de société. Les sujets de préoccupation les plus souvent évoqués sont la santé, la sécurité et l’emploi. Néanmoins, l’écart est large entre l’intention et l’action et seul un Français sur cinq passe effectivement le pas. Selon l’étude, beaucoup doutent de leur capacité d’agir. Le mécénat d’entreprise pourrait être une manière de lever ces appréhensions et accroître l’engagement réel des Français.
L’exécutif français favorable au mécénat
Durant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était clairement prononcé en faveur du développement de la philanthropie et du mécénat d’entreprise qu’il juge trop peu répandus en France. De son côté Edouard Philippe est depuis longtemps convaincu par le mécénat de compétence. Avec Debevoise & Plimpton, il a gratuitement conseillé le musée du Louvre en matière de droit public. De plus, alors maire du Havre, Edouard Philippe a lancé différentes initiatives pour favoriser l’engagement d’entreprises pour l’intérêt général notamment en créant un service municipal du mécénat.
Compte tenu des enjeux sociaux et climatiques, le mécénat d’entreprise devrait se développer à l’avenir. Il existe néanmoins un risque qu’il soit davantage mis en place pour soutenir une image que par réelle volonté de servir l’intérêt général. Par exemple, selon un récent baromètre Viavoice-HEC, 70 % des cadres estiment que le développement durable est avant tout utilisé comme un argument marketing par leurs employeurs. Hors, selon François Debiesse, le mécénat doit rester une pratique désintéressée. L’entreprise devra donc définir une stratégie adaptée pour donner corps à son engagement tout en restant en phase avec son identité.