Dominique Senequier est régulièrement citée parmi les personnalités françaises et mondiales ayant le plus d’influence à travers la planète. Et pour cause, à 64 ans, cette Toulonnaise dirige le groupe Ardian, une société de capital-investissement qui pèse presque 60 milliards d’euros. L’importance de la sexagénaire se mesure à la lecture de son parcours incroyable.
« Madame 25 milliards » a beaucoup d’appétit et il faut désormais l’appeler « Madame 56 milliards ». Inconnue du grand public, Dominique Senequier, 64 ans, et pourtant une influence immense sur les marchés financiers mondiaux. Dans Forbes, en 2009, elle est classée cinquantième femme la plus influente au monde. Au mois de décembre 2017, le site vanityfair.com lui consacre la vingt-cinquième position au classement des Français les plus influents à travers la planète.
Elle avait hérité en 2010 du surnom de « Madame 25 milliards » après un reportage effectué sur sa réussite professionnelle par le Journal du Dimanche (JDD). A la tête du groupe Ardian, une société française de capital-investissement qui a remplacé Axa Private Equity en 2013 après la séparation avec Axa, Dominique Senequier gère une entreprise qui génère maintenant plus de cinquante-six milliards d’euros d’actifs. Un montant vertigineux qu’elle gère avec plus de quatre-cents collaborateurs autour du globe répartis dans une douzaine de bureaux (40 % de ses clients sont européens, 40 % sont d’Amérique du Nord et 20 % viennent d’Asie).
Parmi les sept premières femmes polytechniciennes
La sexagénaire est d’ailleurs toujours en voyage, prête à bondir d’un avion ou un autre pour mener à bien l’empire financier qu’elle dirige. A 64 ans, il ne semble pas encore envisagé qu’elle se repose plus que les trois semaines annuelles qu’elle a l’habitude de s’accorder, en août, dans sa résidence du Vaucluse en Provence.
Dominique Senequier a fait de la valeur travail son crédo dès son plus jeune âge, alors qu’elle avait comme idoles Ernesto « Che » Guevara et Steve McQueen. En 1972, Polytechnique autorise enfin l’accès aux jeunes femmes. La jeune Toulonnaise a 17 ans et demi lorsqu’elle parvient à faire partie des sept pionnières qui intègrent la prestigieuse structure. De cette époque, elle dit en retenir la sévérité machiste des jeunes hommes peu enjoués à l’idée de l’arrivée de la mixité dans les salles de classe. Une concurrence rude qui l’aide à se forger un caractère et lui apprend à s’imposer face à la domination masculine.
« Une femme peu conformiste »
A la sortie de ses études, elle travaille durant une quinzaine d’années au sein du groupe d’assurances GAN, où elle fait ses preuves avant d’être débauchée par Claude Bébéar, le président du groupe AXA.
Elle se fait rapidement un nom en investissant sur des entreprises qui vont fleurir. Ses succès lui apportent la confiance de beaucoup de clients qui lui demandent de gérer leur fortune et elle développe un réseau d’influence très important, jusqu’à peser dans le monde politique.
Une influence dans l’ombre
D’ailleurs, peu après son élection à la présidence de la République en 2007, Nicolas Sarkozy la nomme membre de la commission pour la libération de la croissance française présidée par Jacques Attali. Cette commission est chargée de proposer des idées et des directions à prendre afin de relancer la croissance française.
Elle intervient lors des universités d’été du MEDEF et intègre les conseils d’administration de grands groupes tels Bourbon ou Hewlett-Packard. Elle est aussi nommée chevalier de la Légion d’honneur en 2012, symbole de son rayonnement et du poids qu’elle pèse au sein de la société française.
Le Financial Times lui demande son avis
Rarement médiatisée, elle fait partie de ces influenceurs de l’ombre, ceux que l’on ne voit pas mais qui impulsent les dynamiques en coulisse. Elle a une telle connaissance des marchés financiers que le Financial Times a recueilli son avis, quelques mois après le Brexit, pour faire un point sur la perspective de voir Paris récupérer les marchés de Londres.
Bien que française et pro-européenne affichée, Dominique Senequier a critiqué le manque de savoir-faire parisien en la matière et soutenu l’idée que Londres, malgré sa sortie de l’Union européenne, serait toujours plus performante que Paris dans ce domaine pour des raisons idéologiques et culturelles.
Malgré toute la puissance financière dégagée par Ardian, la Toulonnaise réitère souvent sa position conservatrice sur sa vision de l’entreprise, comme elle l’a clairement confié au quotidien Le Monde, en 2014 : « nous sommes plus proches des entreprises que du monde de la finance, et ne sommes pas là pour bâtir des montages financiers rapportant gros à leurs bénéficiaires ou encourager la croissance par endettement. »
Une philosophie qu’elle semble prête à soutenir pour quelques années encore puisque l’heure de la retraite est encore loin de sonner pour cette femme qui ne peut s’empêcher de dédier sa vie au travail.