Si les histoires de délocalisations sont monnaie courantes au journal de 20 heures, le phénomène inverse est beaucoup plus rare. On compte aujourd’hui, en France, une relocalisation pour 20 délocalisations.
Le gouvernement multiplie les efforts pour faire revenir en France, les industries parties s’exiler vers d’autres horizons. Il arrive qu’une entreprise, PME ou grand groupe, réponde favorablement à l’appel du Made in France. Les raisons de ce retour dans l’hexagone ne relèvent pas d’un patriotisme économique, mais tout simplement du pragmatisme des affaires. Produire en France peut effectivement procurer des avantages économiques.
Relocaliser pour produire plus vite
En 2013, le joailler Mauboussin a relocalisé en France la production de son bijou le plus vendu. La bague Premier Jour, écoulée chaque année à 2 500 exemplaires, était jusqu’à présent fabriquée en Inde. La production est désormais entre les mains d’un sous-traitant de la région lyonnaise. « Faire fabriquer en France nous simplifie considérablement les choses », admet volontiers Alain Némarq, président du groupe Mauboussin.
Un cycle de production raccourci à quatre semaines, contre six à l’étranger, suffit à justifier l’avantage d’une production dans l’hexagone. Si les coûts de fabrication accusent une légère hausse, du fait du prix de la main d’œuvre, Alain Némarq assure que « le plus impactant dans le prix de revient, est la matière première, non la façon. »
Relocaliser pour innover
Aussi commun soit-il, un produit comme les brosses à dents n’échappe pas à la course à l’innovation. C’est cette nécessité d’être toujours à la pointe qui a conduit La Brosserie Française à revenir en France. L’entreprise était vouée à disparaitre en 2012 lorsque son repreneur, Olivier Remoissonnet, a imaginé pour la sauver une stratégie fondée sur l’innovation et le Made in France. « Nous rapatrions progressivement tous les outils de production de Chine en France, se réjouit-il. En 2013, sept moules sont revenus, ce qui a permis la fabrication de 935 000 brosses à dents supplémentaires sur notre territoire. » Ce choix représente un changement radical de stratégie, qui peut s’avérer payant malgré des salaires jusqu’à 17 fois plus élevés que ceux pratiqués en Chine.
Relocaliser pour se rapprocher des matières premières
Rossignol affirme que l’option prise par l’entreprise de relocaliser certaines fabrications, est avant dicté par le pragmatisme économique. Jusqu’en 2010, le fabriquant de ski produisait sa gamme de skis enfants à Taiwan. Une délocalisation classique, dans une optique de baisse des coûts de production. Cette stratégie a vite trouvé ses limites.
Pour cause : les matières premières sont en Europe. Là, où, de plus, se situe le principal marché du fabricant. Quel intérêt donc d’exporter d’abord des matières premières vers Taiwan, avant d’importer à nouveau les skis une fois fabriqués ? En 2010, la direction de Rossignol fait le choix de quitter l’eldorado asiatique pour rapatrier une partie de sa production en Savoie, sur le site historique de Sallanches. C’est ainsi 75 000 paires de ski, équivalent à 40 emplois, qui sont de nouveau fabriquées en France.
Un pari gagnant, qui a conduit Rossignol à rapatrier la production de 20 000 paires de skis supplémentaires en 2013. Si la main d’œuvre s’avère plus chère, elle ne représente que 20% du coût de fabrication complet. Sans compter qu’une production locale permet au groupe d’optimiser son fonctionnent interne, depuis la recherche jusqu’à à l’industrialisation.